« La fugacité d’un mouvement, la légèreté d’un envol, la grâce d’une silhouette, la profondeur d’un regard, la puissance d’une odeur réveillent nos sens.
Le monde animal a longtemps abreuvé mes dessins, mes aquarelles. Le hasard a voulu qu’un jour un ami me passe commande d’une sculpture. Cette réalisation fut une révélation dans la vie soudaine, que les volumes rendaient plus présente, palpable et instinctive.
Ma profession de vétérinaire m’amène à appréhender l’anatomie, mais aussi à observer et à ressentir l’animal au plus près. Vivre dans la nature entre Doubs et Jura me permet d’arpenter des forêts encore sauvages où les rencontres avec la faune sont autant d’évidences, d’envie de les sculpter. Je me laisse guider par mes sensations : le souvenir d’une bécasse aux ailes immenses et au bec démesuré, le scintillement bleu électrique d’un martin-pêcheur aux aguets, l’affût d’un renard nez au vent… Le projet met parfois du temps à mûrir, puis sa réalisation devient impérieuse.
Ainsi, j’élabore d’abord la structure interne : les tiges métalliques, façonnées et soudées, tracent les axes principaux. Puis les plaques métalliques recouvrent le squelette comme de multiples touches de pinceau. J’éprouve un véritable bonheur à donner vie à ce métal, à le voir se plier, s’assembler, fusionner, jusqu’à ce que ses formes et sa matérialité évoquent enfin une énergie.
Certains de mes originaux sont réalisés en bronzes numérotés à la fonderie Deroyaume (Villers-sur-Port, 70), ce qui me permet parfois d’emmener ailleurs la couleur.
Puisse ce merveilleux monde sauvage demeurer la source de nos inspirations et ne jamais devenir qu’un lointain souvenir ! »