Chercher la magie, celle qui fera naître du figé, le vivant.
Insuffler l‘énergie dans la terre puis dans le bronze.
Arrêter le temps et faire en sorte qu’on entende les battements,
que l’on perçoive ce frémissement qui donne la vie aux choses.
Explorer ce monde sauvage et brutal, mais aussi ces moments de calme, intimes et intemporels.
Choisir une pose et une attitude, trouver le point d’équilibre.
Travailler un portrait comme un extrait, mettre l’accent sur un détail et laisser l’œil libre de le prolonger.
Les sujets sont innombrables et me submergent…
Comment les traiter tous ?
Ils chahutent dans ma tête du matin au soir, sous la douche ou dans mon lit…
Pourquoi choisir celui-ci plutôt qu’un autre ?
C’est un choix qui m’est violent, frustrant, car j’aimerai tous les représenter.
Opter pour un sujet fort, qui revient en boucle, qui me harcèle, et qui m’éveille au matin.
Faire un choix parmi tant d’autres, celui qui vivra en moi pendant des mois.
Alors, je ressens l’appel de la terre. L’excitation m’envahit et mon esprit s’envole.
Je plonge à son contact humide et mes mains s’emballent.
La sculpture prend alors forme sous cette matière si vivante. Elle me permet de figer une sensation, elle retient l’émotion, elle m’offre cette subtilité et finesse qui donne la puissance à une œuvre.
Être pris de doute, détruire et refaire.
Et puis l’histoire évolue, elle s’enrichit de textures et de blessures, de désirs et de défis.
Et un jour, elle devient évidente.
Raconter cette violence animale – à la vie, à la mort – mais aussi dans la survie.
Une espèce disparaît, une autre réapparaît…
Auprès d’un étang, à la sortie d’un buisson ou d’une brume matinale,
parfois en montrant les crocs, dans la lutte et la bagarre, la passion et le rut…
Voilà l’histoire de mon bestiaire.