Née en 1967 à Paris, Marine de Soos passe une partie de son enfance sur le continent africain, dont on retrouve la quête et la force à travers son œuvre.
De retour à Paris, où elle vit et travaille, elle s’est orientée définitivement vers la sculpture en 1991. Elle s’est formée notamment auprès de son maître américain, le sculpteur Jonathan Hirschfeld. Son travail est depuis 1999 exposé en permanence et acquis en France comme à l’étranger.
Elle crée des pièces en bronze à la cire perdue inspirées de ses voyages et de son imaginaire. Elle réalise aussi des œuvres sur commande institutionnelle.
L’œil de Marine de Soos, sa main, nous donnent à voir l’invisible, une autre texture du temps.
Comme une présence au monde qui soudain se glisse, que survient dans ce « Lointain immobile » un instant d’éternité suspendant la flèche du temps.
C’est un pêcheur, c’est le mouvement suspendu de la marche d’un jeune berger, c’est dans l’espace minéral ce lent cheminement d’une caravane.
C’est À l’ombre d’être aimée, cette petite fille blottie entre les jambes de son père, ceint d’un simple lambeau de tissu. Ils ont tant à nous dire… Dans le dénuement, la parole se fait silence.
C’est cette mère qui joue, apprend à vivre à son enfant en lui communiquant cet outil primordial de la connaissance qu’est l’amour.
D’où vient que ces êtres d’Afrique ou d’Orient nous soient si immédiatement familiers ? Qu’au-delà de l’apparent exotisme de l’expérience créatrice, une paradoxale proximité s’instaure d’emblée comme un impératif fraternel devant l’évidence ?
Lorsque l’art, transcendant les frontières du temps et de l’espace, nous jette au contact de l’âme du monde, nous redevenons pour un instant ce que nous sommes, des indigènes du territoire de (…) ce qui vit, aime, meurt et se perpétue.
Sculpture sensorielle, sculpture du mouvement, la poétique de l’œuvre de Marine de Soos est celle de la « prose des jours », comme antidote à l’imposture du temps.
Échappant du chaos cynique du monde, c’est dans un pèlerinage éthique vers l’essentiel que nous entraîne l’artiste dont le regard nous tend un miroir.
L’acuité de l’œil, la parfaite maîtrise du geste, se font offrande pour n’être que présence au monde, conversion du regard qui indiciblement ouvre en nous comme une voie vers la lumière, une porte sur une vérité discrète, voilée. Voilée dans le silence de l’humilité.
Ce que nous offre Marine de Soos, c’est l’expression pudique, injonction à la fois éthique et esthétique, de ses noces avec l’âme du monde.